Les bas de lignes carnassiers
Élément extrêmement important, le bas de ligne pour carnassier est le plus souvent réduit à sa plus simple expression voir même inexistant chez certains de mes collègues, n’est ce pas Patoche (mon coéquipier, pour qui ça ne sert à rien) ?
Après m’être fait couper par les dents acérées d’un bec lors de mes débuts j’ai immédiatement adopté le bas de ligne acier. Début 90, Tortue venait de sortir son acier kevlar qui existe toujours, pas besoin de sleeves, facile à nouer mais pas discret, il révolutionnait les lignes à carnassier.
Durant une décennie il n’y eu guère d’innovation dans ce domaine. Puis vinrent les années 2000 qui apportèrent avec elles le fluorocarbone. Appelé aussi PVDF pour Poly Vinyli Dène Fluoride (version anglosaxonne), il a de nombreux avantages par rapport à la tresse armée ou à la crinelle gainée kevlar.
Tout d’abord son indice de réfraction de la lumière est de 1,42, celui de l’eau est de 1,33 celui du nylon est de 1,53, ce qui démontre qu’il est moins visible dans l’eau qu’un nylon. Le fluorcarbone n’absorbe pas l’eau contrairement au nylon dont la résistance diminue au fil du temps passé dans l’eau. Il est plus lourd que l’eau, sa masse volumique est de 1,78g au cm3 (rappel: l’eau est l’étalon, sa masse volumique est de 1g pour 1 cm3), donc il coule.
Le fluorocarbone est très peu sensible au rayonnement ultra violet, sa résistance ne sera pas affectée par une longue exposition au soleil, contrairement au nylon.
A diamètre égal, il est donné pour être beaucoup plus résistant à l’abrasion qu’un nylon, donc idéal pour les têtes de ligne. A l’usage il existe désormais des nylons plus résistants à l’ abrasion que le fluoro. Je l’utilise pour fabriquer des bas de lignes à brochets en 80 ou 100 centièmes. Très difficile à nouer, l’emploi de sleeves est impératif. Généralement j’en possède deux ou trois d’avance dans ma pochette à leurres au cas où j’accrocherai une souche. On peut abouter un bas de ligne en 100 centièmes à une tête de ligne en 40 centièmes en utilisant le nœud de Grinner que m’a détaillé Arnaud Fileppi lors d’une sortie avec lui sur le Léman il y a quelques années déjà.
En gros diamètre, le fluoro est parfait pour équiper un bas de ligne pour une canne leurre, en plus faibles diamètres je l’utilise à chaque fois pour le sandre, la perche ou la truite. Sa transparence (indice de réfraction de la lumière proche de celui de l’eau) le rends, du moins en théorie, moins détectable par les poissons que le nylon, par contre j’estime qu’il est plus fragile à diamètre égal qu’un nylon de qualité. Lorsque je casse sur un accroc, c’est toujours au nœud que le fluoro cède. Si quelqu’un connait un nœud qui n’écrase pas le fluoro en diamètre fin je suis preneur.
Petit conseil: n’écoutez pas les intelligents qui vous conseilleront de placer un émerillon baril entre le bas de ligne et la tresse. Je l’ai fait une fois et j’ai vite arrêté, l’émerillon tapait sans arrêt dans l’anneau de tête et risquait à chaque fois de me le détériorer. Nouez votre tresse sur la boucle du bas de ligne, ou aboutez par un nœud c’est mieux.
Autre évolution des bas de lignes, les tresses armées. La société Canelle fait fort dans ce domaine, elle propose plusieurs tresses armées d’excellente qualité telle que la « supratresse » très fine et très solide, idéale pour les bas de lignes aux vifs et la « supraflex » moins fine mais très flexible, idéale pour les hameçons chances sur les leurres souples ou pour faire des empiles sur vos montures Drachko.
Je suis convaincu que la discrétion joue un rôle important dans la prise du poisson, à cet effet il m’était arrivé de penser par le passé que je devrais imiter les moucheurs et fabriquer un long bas de ligne en fluoro pour être très discret. J’ai donc intercalé un mètre cinquante de pointe fluoro en 30 centièmes avant d’y fixer un morceau de 30 centimètres en 60 centièmes. Aucun problème pour lancer mais rien de significatif au niveau des captures de brochets mais coté perches ça semblait fonctionner. Quinze ans plus tard je continue de faire ça.
Il y a une dizaine d’ années, je fouinais les blogs et j’ étais tombé sur un article de Sylvain LEGENDRE qui déclarait qu’il intercalait un fluoro de 30 centièmes mais de 4 mètres de long et qu’il était persuadé de l’efficacité de sa méthode pour les lacs alpins aux eaux cristallines. Vu le grand nombre de brochets qu’il a pris je pense que l’on peut suivre son conseil.
Reste que la tresse est vraiment trop visible dans l’eau et même si les poissons n’ont pas une grande intelligence je pense que voir passer un truc jaune qui en plus émet des vibrations comme une corde de guitare, suivi d’un leurre doit ralentir les velléités d’attaques de certains grandgousiers. Les tresses « crystal » soit disant transparentes ne le sont pas mais la couleur claire doit mieux se fondre dans le miroir de surface. Pour cette raison, j’utilise ces tresses au lieu de prendre des vertes.
Les vertes s’utilisent plus lorsqu’on cherche la discrétion sur le fond ou au milieu des nénuphars.
La dernière innovation est arrivée il y a quelques années avec les tresses acier multibrins souples de chez Savage Gear ou Dam Effzett. Ces Coated Core ou Carbon 49 sont parfaits pour des bas de lignes pour les leurres car ils sont indestructibles mais flexibles et solides.
On pourra aussi citer les nouveaux copolymers, par exemple le Regenerator de Savage Gear, selon mes mesures il est plus discret qu’un fluoro et plus résistant à l’ abrasion.
Récapitulons donc:
Les chainettes à lavabo, si si….Un papy m’a vanté ça un matin au bord de l’eau !
Les cordes à piano, rigides et hyper solides, elles sont ce qu’il y a de plus simple. En gros diamètre un bas de ligne en corde à piano est idéal pour les gros jerkbaits car il ne se prends pas dans l’hameçon de queue sur un jerk un peu appuyé.
Il existe encore les bas de ligne acier gainés de plastique, prêts à l’emploi, ils vrillent en un rien de temps mais ont toujours leurs aficionados. Le thermo soudable rend bien des services lorsqu’on tombe en panne au bord de l’eau.
Les tresses acier gainées de kevlar ou autre, un peu dépassées, raides, qui vrillent mais faciles à nouer.
Les tresses armées, composées de différents matériels dont de l’acier qui allient souplesse et facilité d’utilisation mais coté discrétion ce n’est pas encore le top. C’est ma matière préférée pour les bas de lignes à vifs ou pour les montages en hameçons chance .
Le fluorocarbone ou le copolymer en fort diamètre, nécessite des sleeves ou des noeuds techniques, ne vrille pas mais se fait couper quelquefois par les dents des brochets.
Le Titanium, fin, sans mémoire, assez discret mais fragile au sleeve selon moi (plusieurs expériences malheureuses avec des BDL prêts à l’emploi), et surtout assez cher.
Vous avez donc le choix, du classicisme le plus pur au high tech avec le Titanium, vous devriez trouver votre bonheur.
Si vous avez le temps préparez vos montages à la maison car ceux qu’on fait au bord de l’eau avec les doigts gelés ne sont pas les mieux exécutés.
Comment les stocker au mieux ?:
Pour les bas de ligne « maison » en fluoro ou en titanium, je les roule sur eux même pour ensuite les ranger dans des pochettes dans ma boite à leurres.
Pour les bas de lignes à vif, où il est préférable d’en avoir d’avance en fonction de la taille du vif, j’en fabrique tous les ans une douzaine que j’enroule sur un support en mousse. J’ai trouvé cette grosse plaque en mousse au rayon mer d’un détaillant de pêche, elle permet de bien le stocker et de bien les présenter pour choisir la taille.
Si je ne devais vous donner qu’un conseil, ce serait celui ci: N’hésitez pas à changer un bas de ligne qui a souffert sous les dents d’un brochet, vous pourriez louper le suivant, celui qui pourrait être le poisson de votre vie !!
Gardez la pêche !
Relire mon article comparant le regenerator au fluoro
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