Il y a une quinzaine d’années, le pêcheur de carnassier qui souhaitait s’équiper en tresse avait le choix entre la Power Pro et deux ou trois autres références. La huit brins n’existait pas encore, la 12 brins n’avait même pas encore été imaginée par les fabricants et le client du détaillant ne se perdait pas devant les dizaines de références.
Retour sur la tresse
Une tresse comme son nom l’indique est un fil tressé, donc des fibres réunies en filaments qui sont ensuite tressés soit avec 4 brins, soit 8 ou 9 et maintenant 12, voir 13 brins et qui sait ce que l’ avenir nous réserve en termes de nombres de brins. Pour les tresses les plus fines, en gros en dessous de 10 centièmes, il devient extrêmement complexe de faire de la huit brins.
La fibre qui compose la tresse se nomme le polyéthylène ou PE. C’est une fibre plastique pleine de qualité, très résistante, facile à utiliser mais son problème est sa masse. Elle est moins lourde que l’eau et par conséquent elle est flottante, ce qui pour un fil de pêche n’est pas l’idéal pour la grande majorité des techniques.
Il existe plusieurs marques de fibres PE pour la pêche dont les plus connues qui sont : Spectra et Dyneema. Ce sont rigoureusement les mêmes produits, sauf que la Dyneema est fabriquée au Japon et que la Spectra vient des Etats Unis. Les chinois auraient leur propre fibre PE mais celle-ci « serait » de moins bonne qualité que les deux grandes marques.
Plus il y a de brins dans une tresse, plus cette dernière aura un profil qui s’approchera au maximum du profil rond, mais aussi à diamètre égal elle sera plus résistante qu’une tresse ayant moins de brins.
Il s’agit en fait du plastique le plus courant, dont l’invention remonte à 1898 en Allemagne. Ce produit a ensuite évolué en Polyéthylène haute densité pour la tresse dans les années 50. Le basse densité est utilisé pour les coques de bateau rotomoulées. Le PE est d’origine translucide mais pas transparent, c’est pourquoi les tresses sont colorées. Vous rencontrez du PE toute la journée avec les bouteilles plastiques, les sacs plastiques et tout un tas d’équipements. A la rédaction de cet article je me suis aperçu que j’en étais entouré avec les coques de l’ ordinateur, du clavier, de l’ écran, du téléphone, de mes stylos…Il y en a partout !
Il y a différentes façons de tresser en multibrins, pour une quatre brins classique on ne tresse que 4 filaments composé de fibres mais dès que l’on monte en brins, il devient possible pour simplifier le process industriel de tresser plusieurs multibrins ensemble au lieu de tresser plusieurs brins ensemble. Pour vous faire comprendre, prenons l’exemple d’un scoubidou dont le plus simple se compose de 3 brins. Pour faire un scoubidou de 12 brins soit on tresse les 12 brins soit on tresse quatre scoubidous composés de trois brins ou trois scoubidous composés de quatre brins, le résultat in fine est une 12 brins tissée bien plus lisse qu’une quatre fois trois brins, clair non ? Tout ceci pour dire qu’avec l’arrivée des 12 brins le tressage influera beaucoup sur la glisse.
Mais il n’y a pas que la manière de tresser, il y a aussi la tension entre les brins qui va générer une tresse souple ou pas, qui s’écrase ou non. Une marque américaine, Sufix, a mis sur le marché en 2020 une tresse 13 brins, 12 brins tressés autour d’un brin simple qui ne sert que de support et fait que la tresse est plus ronde.
Terminons avec les différents additifs que l’on injecte ou applique entre les brins ou autour de la tresse afin de la rendre plus silencieuse, glissante, coulante….
La tresse ou les tresses
Dorénavant nous sommes une grande majorité de pêcheurs à utiliser la huit brins mais il n’y a pas qu’elle, regardons un peu les autres.
La quatre brins est la moins chère, la plus classique et j’irai jusqu’à dire la plus passe partout. On en trouve à tous les prix de 10 à plus de 40 euros pour des tresses japonaises.
Certaines sont recouvertes d’un apprêt en fluorocarbone ou autre produit mais comme tous ces apprêts, ils finissent pas s’user sur les anneaux ou le fond et disparaissent. Dans le pire des cas ils peluchent et donnent piètre figure à votre tresse.
Spider Wire a longtemps été une marque innovatrice dans le domaine des tresses, elle proposait une tresse trois brins PE et un brin Gore qui lui permettait d’être coulante, le principe était ingénieux mais il a été abandonné depuis.
La tresse huit brins s’est installée comme la norme sur le marché, plus difficile à produire car les brins tressés sont beaucoup plus petits, elle possède la faculté d’être plus résistante et de mieux couper l’eau, les quatre brins tissées un peu lâches avaient un effet parachute prononcé.
On trouve la huit brins chez toutes les marques et si toutes ne se valent pas, la différence est moins flagrante que pour la quatre brins.
En 2016 Daiwa a innové et proposé sur le marché une 12 brins avec un tarif assez prohibitif. Dorénavant beaucoup d’ autres marques proposent des 12 brins de bonne qualité au prix d’une 8 brins japonaise.
Ne passons pas sous silence d’autres types de tresses. Berkley à longtemps été au top avec sa Fireline, une tresse fusionnée à chaud. Elle permettait d’avoir un filament, presque un monofilament avec une résistance de tresse. En réalité la résistance est bien moins importante à cause du traitement thermique mais cette tresse fusionnée à quand même beaucoup de qualités, notamment ne pas se gorger d’eau comme le font certaines autres.
Terminons avec une tresse qui n’en est pas une, le Nanofil de Berkley, à mi-chemin entre un monofilament et une tresse, honni ou adulé ce produit n’en reste pas moins révolutionnaire mais il a du mal à s’imposer chez nous. Sa résistance linéaire est impressionnante mais il résiste mal aux frottements et s’use rapidement, de plus sa glisse exceptionnelle rend difficile au bord de l’eau la fabrication de nœuds qui ont tendance à glisser pour les plus courants d’entre eux.
La tresse sans stress
L’usage d’une tresse est conditionné à un type de pêche mais aussi au matériel qui la met en œuvre. J’ai le souvenir des premières tresses 8 brins en casting avec des big bait où ça finissait irrémédiablement par un claquage au lancer car la tresse se coinçait entre les spires lors d’un ferrage ou d’un accroc précédant ce lancer.
Maintenant, je n’utilise plus que de la quatre brins en casting pour les pêches fortes, et une quatre brins qui s’aplatit un peu (qui se transforme en un quasi-ruban) à l’usage, ainsi les spires ne se chevauchent plus. La plupart de mes moulinets casting sont donc montés avec la Berkley Wiplash, très solide et qui ne m’a jamais trahie sur ces pêches aux gros leurres.
De même sur un gros moulinet spinning, que j’utilise pour le silure, je reste sur de la 4 brins de fort diamètre mais je recherche alors une tresse plus raide que je n’aurais pas utilisée sur un moulin casting.
Pour une pêche au leurre de surface, une huit brins classique convient tout à fait, pour le linéaire idem. Pour la pêche au leurre souple qui va amener la ligne à frotter le fond, une huit brins résiste mieux à l’éraillement qu’une quatre brins, on peut renforcer encore ce côté-là par l’utilisation d’une tresse possédant un coating fluorocarbone et l’adjonction d’une tête de ligne en monofilament de fluorocarbone.
Pour la verticale pure, je suis passé à la 12 brins. Celle-ci coule mieux qu’une tresse classique et sa rondeur permet de garder le fil le plus vertical possible lors d’une dérive.
J’utilise le nanofil à la truite en UL car j’apprécie énormément sa glisse qui permet de lancer loin de très petits leurres et ses diamètres ultra fins et pourtant résistants. Seul impératif avec le Nanofil, la tête de ligne en fluoro ou nylon car il est très fragile à l’abrasion.
Pour conclure :
Des années d’utilisation et de tests de tresses m’ont fait remarquer que les Japonaises étaient de meilleure qualité que les Américaines, dont les diamètres sont quelquefois un peu surréalistes ! Pour la pêche au leurre au tout venant, pas la peine de se ruiner, une 8 brins entre 20 et 25 euros suffira largement. Pour la verticale et le drop shot, une huit ou 12 brins est préférable en qualité japonaise, comptez 45 euros et pour le big bait, le swimbait, le jerkbait, une quatre brins correcte comme la célèbre Power Pro est parfaite. Au niveau des diamètres je pêche sur de la PE 0,4 pour la finesse, PE 0,8 pour le tout venant et PE 2,5 pour le big bait.
La norme PE est japonaise, elle n’a rien à voir avec l’ abréviation de Polyéthylène mais s’applique au diamètre des fils. Voici quelques diamètres et leur concordance en PE vont vous permettre d’y voir plus clair lors de vos achats.
PE 0.6= 0.128 mm, PE 0.8= 0.148 mm, PE 1.0 = 0.165 mm, PE 1.2 = 0.185 mm, PE 1.5 = 0.205 mm, PE 1.7 = 0.218 mm, PE 2.0 = 0.235 mm, PE 2.5 = 0.260 mm
Mes tresses ne font en moyenne qu’une à quatre saisons sur mes moulinets suivant leurs utilisations et je bannis immédiatement celles qui sont bruyantes, qui perdent leurs couleurs sur les doigts ou qui ont tendance à foisonner car trop souples. Néanmoins une tresse qui me convient ne sera pas forcément celle qui conviendra aussi à un autre pêcheur donc si je n’avais qu’un conseil à donner, essayez en plusieurs et faites votre choix après une saison.
Dernière petite astuce, avant de changer de tresse, pensez à la retourner car on n’utilise en moyenne qu’entre 30 et 40 m, le reste qui est embobiné ne voit jamais l’ eau, donc vous aurez une tresse neuve juste en la retournant. Vous pouvez aussi garnir vos moulinets à bobine shallow d’une longueur de 70m, pas besoin de gâcher 130 ou 150m de tresse, c’est ce que je fais sur mes moulins en taille 1000.
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