Pollution de la Dordogne, un désastre écologique

logo-pollutionLe 13 février 2015 vers 16h00, la vanne de fond d’un barrage érigé sur la rivière Dordogne dans le secteur de La Bourboule était ouverte.
En deux heures, la retenue d’eau était vidée, entraînant avec les flots une énorme quantité de sédiments qui se sont déposés sur les 25 km aval jusqu’au lac de Bort les Orgues.
Ces sédiments ont asphyxié toute vie……Où en est on maintenant ?

Le 14 février j’apprenais la nouvelle via Facebook et immédiatement la meute des aboyeurs de clavier s’est lancée. Avant de connaître le pourquoi du comment on appelait déjà à lyncher le propriétaire du barrage. Il est vrai que face à l’émotion suscitée par ce désastre on pouvait s’énerver, j’ai donc décidé de prendre un peu de recul et de n’en parler que lorsque cette émotion serait un peu retombée.

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image Patrick Faure

Selon des locaux, dès le lendemain, on apprenait qu’il s’agissait d’un acte intentionnel, pour d’autres c’était un ouvrier qui avait accidentellement ouvert les vannes en grand, provoquant une vidange avec effet de chasse de ce barrage construit en 1902.

Ca m’a rappelé à plus petite échelle un accident survenu pas loin de chez moi lorsqu’un exploitant forestier ayant constaté une fuite de la digue de l’étang alors qu’il venait de passer dessus avec 30 tonnes de bois. il n’a rien trouvé de mieux à faire que de lever la pelle de l’étang en grand. J’ai retrouvé dans le ruisseau en aval, devenu un cloaque de vase pas mal de poissons dont un beau sandre de 70 étouffé par le limon. Il va sans dire que le ruisseau, classé en réserve de pêche par l’ AAPPMA, n’a plus vu de truites durant un bon moment…Mais ce n’était qu’un étang de 5 ha. Peu profond.

Là c’est différent et bien plus grave car ce sont des milliers de m3 de sédiments qui se sont déversés en un temps très court, déposant une couche de vase de près de 40 cm à certains endroits. De nombreuses truites ont été découvertes mortes et il est évident que les frayères ont été colmatées par la vase. Certains disent même que la Dordogne à cet endroit est morte.

La particularité de ces barrages hydroélectriques construits sur les cours des rivières est l’accumulation de sédiments à leur pied. Pour éviter tout accident, on devrait purger régulièrement ces sédiments par une chasse mais il faut pour cela que la rivière ait un certain débit pour pouvoir supporter cet afflux de particules. Dans le cas présent le débit était nettement insuffisant et la pollution, si on peut l’appeler comme cela car les sédiments viennent de la rivière, la pollution donc ne s’est pas diluée suffisamment et a transformé la rivière en torrent de boue.
Il ressort de cette catastrophe que l’exploitant du barrage n’avait pas géré l’accumulation de ces sédiments depuis longue date.

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image Patrick Faure

 

Cette région n’a pas de chance puisqu’un autre accident sur le barrage de la Tuillières en janvier 2006 avait libéré là aussi des millions de m3 en pleine période de développement des œufs de truites dans les graviers des frayères. Concernant La Bourboule, les pêcheurs estiment que 300 000 alevins de truites sont morts.

image pollution-Dordogne.fr
image pollution-Dordogne.fr

Selon les premiers éléments de l’enquête, parus dans la presse locale, on apprend que ce serait un corps flottant, sûrement un arbre mort qui aurait endommagé la canalisation de fluide qui maintient la vanne fermée par pression. Suite au dommage à la canalisation, la vanne se serait ouverte de moitié. Cette vanne de fond servirait justement à faire des chasses et était en bon état puisque changée il y a un an.

En attendant des plaintes ont été déposées par les AAPPMA afin d’y voir plus clair et une pétition est en ligne en rapport avec cet accident.

image Patrick Faure
image Patrick Faure

Tous les ans, on retrouve dans la presse régionale des accidents avec ces barrages, que faut il faire, les interdire ? Tant que l’on aura pas trouvé mieux que l’hydroélectricité on peut rêver. Lorsque les barrages chassent leur trop plein de sédiments on entend les pêcheurs hurler, c’est bien normal et je hurlerai aussi mais ne vaut il pas mieux plusieurs « petites » (le mot est inapproprié ) chasses régulières dans l’année qu’une catastrophe comme celle ci ?

Une manifestation est prévue le jour de l’ouverture de la truite, soit le 14 mars 2015 à 2015 au niveau de ce barrage, les organisateurs réclament son arasement.

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Signez la pétition sur le site pollution-dordogne.fr

Voici une vidéo de cette catastrophe pour la rivière. Elle s’en remettra certes mais pas avant plusieurs années avant de retrouver ce qu’elle fut, un petit paradis pour les truites et les pêcheurs. Il reste a espérer que la justice condamne les responsables avec suffisamment de fermeté pour que ce problème d’accumulation de sédiment au pied des barrages trouve une solution.


Gardez la pêche.

 

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