Tranche d’Histoire au fond de l’eau

Quand la technologie Side Imaging permet de faire remonter à la surface l’Histoire d’un bâtiment du génie civil.

 

 

 

En 50 avant Jésus Christ, Jules César dans son Commentaires sur la Guerre civile mentionnait la magnifique cité d’Arélate, nom d’origine celte et signifiant « le lieu situé près des marécages ». La civilisation romaine y construisant nombre de monuments, merveilles antiques, Arles est aujourd’hui une cité classée ville d’art et d’histoire et nombre de ses édifices sont classés au patrimoine mondial de l’humanité depuis plus de 30 ans.

Située dans les Bouches du Rhône, la plus grande commune de France métropolitaine est traversée par le Rhône, fleuve dont la simple évocation du nom fait frissonner l’échine de tous les siluristes.

 Dès la plus précoce antiquité, les Arlésiens se doivent de résoudre un point crucial dans la gestion de leur oppidum : assurer un axe de communication permettant de relier les 2 berges du Rhône.  Si de nombreuses constructions se sont succédées au fil des siècles, ce n’est qu’en 1875 qu’est achevé le premier ouvrage bâti du pont de Trinquetaille.

 

 

Pont dit en poutre à treillis renforcé par 8 câbles de suspension,   il abrite alors un viaduc ferroviaire et se verra immortalisé par Van Gogh en 1888.

 

 

 

 

Pour les connaisseurs du sites, voyez en plus de l’ancien pont de Trinquetaille à l’arrière plan, l’ébauche de mise à l’eau, datant donc au moins de 1866 :-).

 

 

 

 

Malheureusement pour cet édifice, les intérêts tactiques militaires primant sur l’expression du génie civil, ce pont fut détruit et envoyé par le fond du Rhône en 1944 par les bombardements alliés. (ci contre au moment de sa destruction).

 

 

 

On peut lire dans de nombreux livres d’histoire que les deux ancrages massifs encore visibles aujourd’hui  sont les seuls vestiges de ce pont.

 

 

 

 

Qui aurait pu croire alors que de simples pêcheurs, munis d’outils de détection ultra-performants, pourraient un jour à l’aide de leur échosondeur faire réapparaitre à la surface des images de ce monument détruit? Voici quelques images, capturée grâce à la technologie Side-Imaging (Humminbird), de cet ancien pont et de sa voie ferrée reposant par plus de 10 mètres de fond, près de 140 ans après la fin de sa construction et de 70 ans après sa destruction.

Sur cette capture, le bateau passe au dessus d’une des piles complètement rasée par le bombardement. Le socle de la pile est visible sur les vues 2D à gauche en Down imaging et 2D traditionnelle (Ces vues voient “sous” le bateau). Sur le side imaging (cette vue voie à droite et à gauche du bateau), à droite, on trouve la structure transversale de l’ancien pont.

Un zoom sur la structure de cet ancien pont en faisant passer le bateau au milieu des deux vestiges de pile de pont. On distingue bien les fameuses poutres à treillis, élément de base de l’ancien pont de Trinquetaille.

Sur un passage à contre courant plus rasant de la pile de gauche (pile de rive gauche), on peut apercevoir en haut de la partie side imaging, des reliques des câbles de suspension qui suppléaient  les structures métalliques.

Pour finir, peut être ma préférée, où je pense bien avoir retrouvé ici un tronçon de la voie ferrée qui traversait jadis l’ancien pont de Trinquetaille.

Quand la logistique d’un pêcheur permet de faire revivre un fragment de l’Histoire de France.

Bluffant non?

 

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