Les GG de la pêche de septembre : Pêcheurs pro , pour ou contre leur interdiction en eau douce ?

grande-gueule-peche1Etonnamment ce sujet n’aura pas inspiré grand monde alors que je pensais le contraire. Deux lecteurs ont envoyé leur  opinion, c’est peu.

Voyons donc trois avis, celui de Miguel, de Ghislain et le mien.

avatar-esoxiste-2014Avec ce sujet j’ai du mal, je suis un amoureux des libertés et d’un coté je me vois mal demander l’interdiction d’un métier qui utilise ce que donne la nature pour se nourrir. D’un autre coté je suis pêcheur et membre de bureau d’une AAPPMA et je connais les efforts qui sont fait avec l’argent des pêcheurs pour rempoissonner.

Les pêcheurs pro sont là pour cueillir, ils viennent, tendent leurs filets et s’en vont. Les pêcheurs amateurs empoissonnent, aménagent et dès qu’un secteur de la rivière ou du fleuve devient productif grâce à eux, on voit arriver le pro et ses filets.

Que pêche donc un pro ? Du sandre, quelques brochets mais aussi des brèmes, des carpes, en gros le tout venant et qu’en fait il ? Il le vend à des restaurants pour les espèces nobles et pour les autres espèces ??? Que deviennent les brèmes, les tanches, les gardons.. ? De la farine certainement.

En gros sur le bassin du Rhone et de la Saône il doit y avoir une quinzaine de pêcheurs pros. Les voir disparaître ne changerait pas la face du monde, il en disparaît plus encore chaque année en mer.

La pêche des carnassiers en eau douce ne demande qu’à se développer sportivement, à l’image de la carpe et du silure. S’il n’y avait plus de pêcheurs pros, je pense que de grandes rivières pourraient redevenir ce qu’elle ont été auparavant avant leur arrivée.

Maintenant se pose la question de l’approvisionnement des restaurants car sans fournisseurs locaux, ils vont acheter à l’étranger du poisson dont personne ne connaîtra la provenance. Je comprend le gastronome qui fait de nombreux kilomètres pour manger un pavé de sandre mais les sandres on en trouve aussi lors des pêches d’étangs et chez les pisciculteurs.

Pour tout cela je suis pour l’interdiction de la pêche professionnelle en eau douce même si dans mon cas l’amoureux des libertés individuelles doit céder le pas au pragmatiste.

————-

Nous, la rivière, la pêche, les pros…

MIGUEL-BESANCONLoin de moi l’idée pur et simple de faire des pêcheurs pros des pestiférés de la pêche, mais je me pose la question de savoir ce qu’ils font réellement pour nos rivières ?

Nous, pêcheurs amateurs à la ligne, par le biais de nos Appma, et fédérations, dans un esprit de conservation et de gestion de notre cheptel halieutique avons plébiscité plusieurs mesures fortes, la mise en place de quota, l’augmentation des tailles légales de capture, des périodes de fermeture plus longues pour permettre à nos chers carnassiers de pouvoir se reproduire dans de bonnes conditions.

Sans oublier le travail considérable de certaines appma dans la réhabilitation de frayère à brochets, la réintroduction de certaines espèces et j’en oublie sans aucun doute. Tous ces efforts, ne sont ils pas coup d’épée dans l’eau face à une pêche intensive aux filets, pour les pros période de fermeture de 2 mois, de la fermeture du sandre à l’ouverture du brochet, période durant laquelle la migration des brochets sur les frayères est à sont plus haut niveau.

Posons-nous alors la question, à quoi bon nous pêcheurs amateurs faire autant de choses pour la conservation des espèces qui seront anéantie par un mois de pêche au filet ?

  • On augmente la taille légale de capture de certains carnassiers, et la pêche au filet à friture est toujours autorisée.
  • On ouvre certaines darces à la pêche professionnelle, tout en sachant bien que celles-ci sont des frayères à sandre.

Se prennent-ils pour les seigneurs des rivières, en demandant dommages et intérêt, pour le déroulement d’un open carpe national ? Quand certains pratiquent le No-Kill, on voit des poissons impropre à la consommation s’emmailler et être jetés sur les prés, morts pour rien.

Pour continuer à vivre les uns avec les autres, il faut à mon sens, de nouvelles règles pour la pêche professionnelle aux engins :

  • Fermeture équivalente par espèces
  • Augmentation de la taille des mailles de filet
  • Interdiction de pêche au filet goujonnier

Avec ce genre de mesure, on peut y voir une certaine équité et surtout le travail des uns ne serait plus anéanti par les autres.Il reste, à mon sens, une étude qui devrait être menée avec beaucoup plus de soin, c’est celle de l’impact PCB, car sur certaines rivières, nous faire croire que tel ou tel poissons sont touchés plus que d’autres, relève de la science fiction. Comment se fait t’il que sur d’autres grands fleuves toutes les espèces soit classées impropres à la consommation et donc interdites à la vente.

Certains poissons de certaines rivières seraient-ils plus malins pour éviter le PCB, ou les pouvoirs publics ferment les yeux sur certains secteurs pour que leurs amis puissent continuer à empoisonner les consommateurs ?

Il faut que ces questions soient prises en compte et traitées au plus vite, car d’ici peu, nous pêcheurs amateurs à la ligne seront obligés de se détourner du public pour pouvoir assouvir notre passion, et dans ce désintérêt programmé pour nos rivières, une mort halieutique plane

Miguel BESANCON

————

Chez moi dans le Bas-Rhin sur le plan d’eau de Plobshein (665 hectares) au sud de Strasbourg, plan d’eau bien connu de nombreux pêcheurs sportifs aux leurres pour sa population de gros brochets, il y a un pêcheur pro plus son fermier (terme juridique de l’associé).

Sur ce même plan d’eau, il y a un arrêté préfectoral qui interdit la consommation du poisson d’un poids supérieur à 1 kg 400, le danger ciblé pour les consommateurs ici provient du taux de mercure et de PCB particulièrement élevé.
Ils capturent bien entendu dans leurs filets de très gros poissons, des brèmes, des carpes et des brochets.
Donc dans la pratique, il est strictement interdit de consommer le poisson capturé d’un poids supérieur à ce que prévoit l’AP,mais il est parfaitement autorisé de l’emmener et de le transporter par les pêcheurs pros ou de loisir, comprenne qui pourra !!!

Nous avons été nombreux à demander à notre président fédéral de faire contrôler ces pros par les gardes de la fédé, à ce jour aucun contrôle n’a été fait.
La réponse du président de la fédé nous laisse vraiment pantois, lors d’une réunion qu’il a eu ce printemps avec les pêcheurs pros dans son bureau au siège de la FD, ceux lui ont affirmé de vive voix qu’ils remettaient toujours à l’eau dans de bonnes conditions les poissons non consommables.

A travers un Collectif de pêcheurs sportifs de loisir en colère qui s’est créé nous lui avons fait de nombreuses propositions pour tenter de parvenir à minimiser l’action des pêcheurs pros sur ce beau plan d’eau.

L’on peut parfaitement entraver juridiquement l’action des pêcheurs professionnels, comme nous pêcheurs sportifs de loisirs ces messieurs ont des obligations, à savoir :
-Tenir un carnet de prises à jour
-Travailler au moins 600 heures par an
-Participez à la gestion halieutique de leur zone de pêche.

En outre pour leur installation, le préfet a l’obligation de réunir la commission technique départementale où la FD doit donner son avis, ensuite réunir la commission de bassin concernée.
Dans les faits, cela se pratique peu et les responsables élus de la pêche associative ne font pas beaucoup d’efforts pour tenter de faire bouger les choses.
Bien entendu, il y a des départements où la fédé bouge et les résultats sont au rendez-vous.
Pourtant il y a là un réel abus de pouvoir du préfet et sur plainte d’une FD, le juge administratif est parfaitement compétant pour casser l’AP d’installation de pêcheurs pros.

Il serait de bon ton je crois dans notre intérêt commun à tous que toutes les FD qui ont des pêcheurs pros chez elles,regardent un peu au niveau du droit ce qu’elle peuvent faire et non pas toujours subir les évènements qui leurs sont imposés,l’avenir de la pêche associative passe surement aussi par là !!!

Ghislain Brouillard

 

 

Les commentaires sont fermés.