Interdiction des moteurs thermiques pour la pêche en lac, ça va arriver !

Voilà une mesure qui fait flores un peu partout, qui plus est avec la plupart du temps le soutien des  instances fédérales : L’interdiction du moteur thermique à la pêche.

Arguments d’idéologues arc boutés sur une position  écolo tranchée, cette interdiction pend au nez de la plupart des lacs et étangs de taille normales dans les années à venir. Pourtant le moteur thermique n’est pas si dangereux pour l’environnement que ça en regard de tous les polluants industriels et routiers que reçoivent nos eaux.

En 2009, suite à la prévision de travaux sur le barrage de Pannecière (560 ha), un hydrogéologue avait rendu un rapport préconisant des mesures à prendre pour préserver le captage d’eau potable de ce lac. Il  proposait l’interdiction pure et simple de la circulation sur l’emprise du lac (en période d’étiage),  l’interdiction du camping (carpistes)  et  l’interdiction du moteur thermique. J’avais à l’époque rencontré le président du syndicat des eaux local qui voulait suivre à la lettre ces recommandations. Il m’était apparu qu’il n’y connaissait rien à la pêche et guère plus pour le reste, ce n’était qu’un  élu local d’une petite commune qui ouvrait le parapluie en grand.

L’enquête publique a été déclenchée par la nomination d’un commissaire enquêteur, j’avais donc souhaité à l’époque apporter ma petite pierre à l’édifice.

Voici une partie du courrier que j’ai joint à l’enquête publique, ce n’est pas pour me glorifier car les les présidents des AAPPMA du secteur, du club carpiste et de l’ AMC en ont fait autant mais ces arguments pourront peut être un jour vous être utile, en espérant que ça ne vous arrive jamais.

M. l’hydrogéologue, dans un rapport de janvier 2009 commandé par le SIAEPA de Pannecière, précise dans ses recommandations que toute circulation sur l’emprise du lac de véhicule ou de navigation devrait être proscrite.

            Or il apparaît que cette mesure n’aurait aucune efficacité dans la protection du captage d’eau mais qu’elle entrainerait de grandes conséquences pour les pêcheurs et les professionnels du tourisme sur Pannecière.

             Les conséquences d’une interdiction de circulation sur l’emprise du lac:

             Chaque pêcheur en barque doit mettre son embarcation à l’eau, le plan d’eau étant sujet à un fort marnage, il est raisonnablement impossible de mettre à l’eau à la force des bras des embarcations qui pèsent de 50 à 200 kilos.

            De même, à la fin de la journée de pêche, le règlement stipulant que toute barque doit être retirée, il est impossible de sortir de l’eau une barque commune sans véhicule tracteur. 

            Certes, certaines voitures particulières peuvent avoir des fuites d’hydrocarbures mais ces faits sont minoritaires en regard du nombre important de véhicules de pêcheurs du bord, de nageurs et de touristes.

            Il a été fait état par M. le président  du SIAEPA qu’un individu aurait été surpris à faire sa vidange sur l’emprise du lac. Ces faits, s’ils sont réels, ne sauront être empêchés à l’avenir, nul ne peut deviner le comportement irrespectueux d’un individu mal intentionné.

             Les conséquences d’une interdiction du moteur hors bord thermique:

             Pannecière est un grand lac, extrêmement réputé pour la pêche des carpes et des carnassiers. Des pêcheurs font régulièrement de longs voyages pour y exercer leur sport. La quasi totalité des gites, des maisonnettes et des maisons à louer sont louées les week-end et les périodes de vacances à une grande majorité de pêcheurs. Les commerces locaux vivent de ce tourisme halieutique dont ils font la promotion.

            La taille du lac, sa superficie et sa longueur importante amènent à la formation régulière de vagues et de coups de vents  importants qui imposent à l’utilisateur l’usage d’une motorisation lui permettant de rejoindre la mise à l’eau en toute sécurité. A noter qu’un moteur de 5 CV ne permet que d’atteindre difficilement les 10 km/h en moyenne.

            La zone de pêche étant étendue, il faut à l’utilisateur moyen presque une heure de navigation pour partir de la queue de Corancy avant d’atteindre les abords du barrage.

            Une seule mise à l’eau aménagée et sécurisée existe et se trouve à Chaumard.

             Les nuisances du moteur thermique:

             Celui ci fonctionne soit en deux temps pour les très anciens modèles, soit en quatre temps pour la plupart des modèles actuels.

            Les rejets de combustion existent, c’est indéniable, néanmoins aucune fumée ne se dégage lorsque le moteur est entretenu. Les rejets de polluants sont minimes comparés à ceux  fixés sur les routes par les véhicules terrestres, rejets  qui  se trouvent lessivés par les pluies et arrivent par ruissellement dans le lac. (un moteur thermique de 5 cv à une cylindrée moyenne de 100 à 125 cm3, un véhicule terrestre moyen à une cylindrée de 1900 cm3)

             Les palliatifs à l’utilisation du moteur thermique: le moteur électrique

             Certains mal renseignés pensent que le moteur électrique peut être un palliatif suffisant. Malheureusement son manque de puissance le cantonne à une propulsion d’appoint ou à la rigueur à une pêche statique à une centaine de mètres du bord. Sa puissance et son autonomie lui interdisent totalement la traversée du lac de l’amont à l’aval.

            Un moteur électrique à pleine vitesse peut propulser une petite barque à 5 km/h mais la plupart du temps le maximum atteint est de 3km/h. Sa puissance ne permet pas de remonter contre le vent où alors en divisant sa vitesse par trois.

            Coté autonomie, l’usage de ce type de motorisation implique d’embarquer une ou plusieurs batteries plomb/acide qui alourdissent l’embarcation et baissent de ce fait la vitesse que la barque pourrait atteindre.

            Généralement et selon les spécialistes, le moteur électrique le plus puissant actuellement possède une puissance nominale moteur  de 55 Lbs (unité de mesure anglo saxonne) pour un 12 v qui correspond environ à une puissance 0,6 KW soit 0,804 CV. Un moteur thermique de 2,5 CV atteint lui la puissance nominale  de 1,838 KW.

            En termes de poussée (qui n’est pas la même chose), un 55 lbs serait équivalent à 0,334 CV. Ce qui implique qu’un simple cinq chevaux est quinze fois plus puissant en poussée qu’un moteur électrique.  De plus la majorité des pêcheurs sont équipés d’un moteur électrique de 30 lbs pour des raisons de coûts.

            Un moteur électrique est soumis à la batterie qui l’accompagne, en théorie ces moteurs d’un ampérage maximum de 50 Amp pourraient fonctionner deux heures à pleine puissance (par exemple pour rentrer à la mise à l’eau en cas d’orage soudain), néanmoins, à l’usage on s’aperçoit que ces valeurs sont fausses, au delà d’une demi heure, la tension de la batterie aura tellement chuté que le moteur ne tournera plus assez.

             Pourquoi le moteur électrique n’est pas efficace sur ce type de plan d’eau:

             Les moteurs électriques ont toujours été pensés comme des moteurs d’appoint, pour faciliter l’arrivée discrète sur la zone de pêche, pour manœuvrer sur cette zone….

            La majorité des pêcheurs sont conscients du danger à partir trop loin avec ce type d’équipements, la plupart des utilisateurs qui ne sont propulsés qu’à l’électrique ne s’éloignent guère d’un kilomètre de la mise à l’eau. Pannecière en fait huit de long (source Googleheart).

            En cas d’orage, un pêcheur lambda, éloigné d’un kilomètre et propulsé par un 30 Lbs ne pourra pas regagner sa mise à l’eau s’il doit lutter contre le vent et les vagues. Sa sécurité ne sera plus assurée.

            Je me permets de raconter cette anecdote qui démontre l’utilité du moteur thermique :

«  En 2008, j’étais arrêté près de la rive nord est dans la partie dite des falaises entre Chaumard et Corancy. Cette zone est très sauvage et très pentue, la bordure est peuplée de chênes centenaires. Ce matin là, stationné pour le casse croûte, j’ai entendu un craquement annonçant une chute d’arbre. J’ai pu démarrer mon thermique et m’éloigner rapidement de la zone. Un grand chêne est tombé à vingt mètres de la barque. Sans mon moteur thermique, j’aurai pu être tué ou bien mon embarcation coulée par la forte houle qu’a déclenché cette chute d’arbre dans le lac. Grâce à la puissance du moteur j’ai pu m’éloigner et me mettre à temps en sécurité ».

            D’autres lacs et étangs on interdit l’usage du moteur thermique mais leur superficie n’est pas si étendue, ils font généralement moins de 200 ha et sont de forme moins allongée. Ils sont moins sauvages et moins soumis au vent.

            Le lac des Settons (350 ha), proche voisin ne limite pas la puissance de ses moteurs et en plus d’une bonne fréquentation des pêcheurs, des plaisanciers en nombre naviguent sur le lac qui possède même un port. Les analyses d’eau régulières n’ont encore jamais montré de signes de pollution aux hydrocarbures.

             Les conséquences directes de l’interdiction du moteur thermique:

  •              Désaffection des pêcheurs par crainte de ne pouvoir rentrer à la mise à l’eau, perte de recettes de la part des acteurs locaux de l’économie (loueurs, commerces), perte de recettes importantes de l’association des pêcheurs territorialement compétente.
  •             Dévalorisation de l’image en termes de tourisme pour le département et les communes environnantes.
  •             Perte de la valeur des biens immobiliers sur le pourtour du lac.
  •             Perte de population sur les communes riveraines du lac de Pannecière.

             Les actions actuelles en faveur du tourisme qu’induit l’utilisation du moteur thermique:

             Deux manifestations annuelles organisées par l’association Morvan Carnassier dont un concours de renommée nationale parrainé par le département, le parc du Morvan, la communauté de commune et la commune de Chaumard. Ce concours, en 2010, a été le plus important de France en fréquentation. Sans l’utilisation de ce moteur, il est bien évident que ce concours n’aurait plus de raison d’être.

 Sources données techniques:

Société NAVICOM (leader français du moteur electrique)

site internet: Techboat.com (site leader sur les technologies de la navigation/ rapports puissances)

 CONCLUSION :

             Le moteur thermique, même s’il émet des résidus de combustion, n’est pas en mesure de polluer un captage d’eau qui se trouve en profondeur au niveau du barrage, les hydrocarbures éventuels ont une masse volumique inférieure à l’eau et flottent sur cette dernière.

            Le peu d’embarcations, pêchant sur le  lac, équipées d’un moteur thermique est à mettre en rapport avec le grand nombre de véhicules qui circulent sur les routes ceinturant le lac et dont les résidus sont évacués dans le lac par les ruissèlements.

            L’argument qui consiste à dire qu’embarquer un jerrican est dangereux est lui aussi à mettre en rapport avec les batteries plomb/acide embarquées.

            Dans l’état actuel des avancées technologiques, rien n’est en mesure de rivaliser avec un moteur thermique pour l’agrément et surtout pour la sécurité.

            Le lac contient 82.5 millions de m3 d’eau (source Wikipédia), le captage n’en prélève que  160 000 (source dossier enquête publique), soit 0.2% du volume et bien moins que le débit de l’Yonne qui l’alimente. Je n’ai jamais eu connaissance d’aucune pollution aux hydrocarbures détectée dans le lac de Pannecière alors que la navigation au moteur thermique y est autorisée depuis bien longtemps.

           Je pense en toute bonne foi que rien ne peut s’opposer à l’usage du moteur thermique sur Pannecière hormis un principe de précaution poussé à son paroxysme et hors de toute objectivité.

          Je me tiens à votre disposition pour tout éclaircissement si nécessaire.

            Veuillez agréer, M. le Commissaire enquêteur, toute l’expression de mes salutations.

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Voilà une partie de l’argumentaire qui a conduit la commission préfectorale à revenir sur sa décision, le moteur thermique ne sera pas interdit  mais seul le 4 temps sera autorisé..

Ce qui m’amène à m’élever une nouvelle fois contre ces lacs où la motorisation thermique des barques de pêche  est interdite mais autorisée pour la base nautique du lac  ou les compétitions d’aviron, de triathlon, de natation….Partout où on la justifie par le coté sécurité.

Et, je n’oublie pas les superbes lacs servant de réserve ultime d’eau potable où toute navigation est interdite, même en float, sauf encore une fois pour la base nautique et ses « optimist » accompagnés d’un moniteur en barque motorisée.

Pourquoi nos élus d’AAPPMA, nos élus de fédération ne mettent pas tout en œuvre pour faire revenir les gestionnaires de ces lacs sur leurs décisions ? Certaines y sont parvenues à force d’opiniâtreté, de pugnacité et de démonstration de non pollution.

Lors des travaux de Pannecière, la grande quantité d’engins de travaux publics dans l’emprise du lac ont certainement libéré plus d’huiles et de fluides hydrauliques en quelques mois que 500 ans de navigation avec un 6 cv. Pourquoi autant de mauvaise foi à l’égard des pêcheurs, pourquoi nos instances ne nous défendent pas plus que cela, avec ces mêmes arguments ??????

Je pense détenir une partie de la réponse, certaines de nos AAPPMA et certaines de nos fédés se drapent derrière la sacro sainte protection du milieu aquatique en oubliant souvent que dans AAPPMA il y a aussi le mot pêche. La pêche du bord et son lot de saletés abandonnées est bien souvent plus cradingue et porte une atteinte plus marquée au milieu aquatiques que les float et les barques. Il suffit de se promener sur les bords de lacs et de compter les sacs d’amorce, les canettes, les boites d’asticots…..

Sur les 6 grands lacs du Morvan navigables, seuls 3 autorisent le thermique. Chaumeçon, Saint Agnan, Baye et Vaux l’interdisent, pourquoi ?

Idem pour le bassin du Creusot où c’est encore pire avec 3 lacs à la superficie comparable et situés en enfilade sur quelques kilomètre, un autorise le thermique, un autorise l’électrique et le dernier « tolère » l ‘électrique. C’est quoi ce délire? En plus les trois sont gérés par VNF !

 

A l’heure où la FNPF lance sa grande enquête sur la modernisation de la pêche, il nous faut adjoindre aux réponses cette revendication sur la pêche en barque au thermique là où c’est envisageable  et  en float, en barque  partout, quitte à n’y aller qu’à l’électrique sur des étangs de petite superficie. C’est l’une des pêches ayant le vent en poupe et il faut qu’elle puisse se démocratiser partout où c’est possible.

Ce serait un grand pas en avant  que les carpistes et les siluristes puissent pêcher de nuit partout mais aussi que la pêche en barque ou en float avance elle aussi à la même vitesse que les autres. Portons ce débat à bout de bras pour faire évoluer notre pêche dans le bon sens, remplissez cette enquête et mettez un mot sur la pêche en barque.

Je reviendrai plus tard sur cette enquête  et comment la télécharger et la remplir.

Gardez la pêche.

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