Etude sur Le Silure en Dordogne

Voici l’occasion de (re) parler silure :

Quelques soient les débats autour de ce poisson, nous sommes tous forcés d’admettre que la majorité de nos propos se basent en général sur notre relation affective entretenue avec ce nouveau venu (nouveau venu présent depuis bientôt une cinquantaine d’année dans certains cours d’eau….). Au mieux, nos propos se basent sur nos propres observations.

Sur la Dordogne, le silure est présent depuis les années 1980, et comme partout, beaucoup de questions alimentent et enveniment nombres de discussions. Pourtant les questions principales restent toujours les mêmes : Que mange-t-il ? En quelle quantité ? Est-il un ogre à migrateurs ? Représente-t-il une menace  réelle pour la survie d’une espèce ?

L’établissement public du bassin de la Dordogne (EPIDOR) avec l’appui financier de nombreux partenaires (dont EDF, l’Association agrée des pêcheurs professionnels locale, l’ONEMA, etc etc) a donc mis en place en Mars 2012 une étude sur l’impact du silure sur le bassin de Dordogne.

Un an après le début de l’étude, il nous livre ici un compte rendu très précis, scientifique et détaillé:

ICI

Auteurs du documents : Pascal VERDEYROUX, Arnaud DESMOULIN, Olivier GUERRI, Marie VERMEIL, Matthieu CHANSEAU

Pour ceux qui n’auront pas le courage de parcourir la cinquantaine de pages de ce document (dommage!), je vous en résume ici les principaux résultats, sans me permettre aucune interprétation ni aucun commentaire, nous en discuterons avec courtoisie plus bas si vous le souhaitez :

 MATERIEL ET METHODE, résumé :

Etude basée sur la capture (puis la relaxe si possible) de silures au moyen de 2 techniques : pêche à la ligne et pêche aux engins, de Libourne à Souillac, avec entre autres des pêches aux engins derrières trois barrage et passes à poissons.

A chaque capture, les caractéristiques biométriques et les contenus stomacaux sont relevés.

La plupart des silures relâchés (tous sauf les décès dans les engins) sont équipés de marquage spaghetti et 60% de transpondeur.

 CAPTURES, résumé :

158 silures pris à la ligne, 124 au filet, 4 dans la passe des tuilières lors de 2 vidanges.

A la ligne, seule l’espèce cible a été capturée, au filet, 368 individus de 15 autres espèces ont été capturés (brème, barbeau, sandre et carpe pour les plus représentées).

Sur l’ensemble des silures capturés, 13 sont morts suite à des captures aux engins.

RESULTATS

Sur 265 captures, 6 re-captures ont été communiquées. Globalement au même endroit à chaque fois.

Comportement alimentaire :

221 analyses de contenus stomacaux :

169 silures (76%) avaient l’estomac vide.

52 silures (24%) contenaient quelque chose.

 

L’analyse des contenus révèlent la présence de :

36 écrevisses (chez 19 silures)

35 cyprinidés (chez 15 silures)

20 migateurs (14 lamproies, 3 anguilles, 2 grandes aloses, 1 mulet) chez 13 silures

14 autres poissons (autre silure, grémille, non identifié) chez 13 silures

5 corbicules chez 3 silures

1 rat chez 1 silure

4 débris ligneux chez 4 silures

La mise en relation des silures avec contenu et les lieux de captures ne dégagent aucune tendance. (Interprétations personnelles: pour le moment, rien ne semble a priori indiquer que les silures se nourrissent plus sur un secteur que sur un autre).

Le rapport précise également que les migrateurs Alose et Lamproie mourant après reproduction, il est impossible de savoir si les proies consommées par les silures l’ont été vivantes, ou mortes, les silures ne dédaignant pas les cadavres et étant de grands opportunistes!

Voici pour le grossier résumé neutre de ce compte rendu.
Je rajouterai donc volontairement que malgré sa présence prouvée par des captures au filet, aucun sandre n’a été retrouvé dans un contenu stomacal.

Ce rapport est un rapport en court d’étude, l’étude se poursuit. D’autres analyses vont également être mises en place pour l’année à venir (analyse isotopique des tissus des silures, et analyse génétique du tube digestif. Ces données complémentaires devraient apporter plus de précision sur la place du silure dans l’écosystème, ses proies consommées récemment ainsi que leurs origines.).

Enfin quelques données rationnelles permettant d’avancer avec bon sens dans les discussions. Le monstre mangeur d’enfant s’éloigne donc petit à petit (la preuve, aucun d’entre eux n’a été retrouvé dans un estomac… ;-)).

Au plaisir d’en discuter avec vous.

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